Olivier Ezquerra, conseiller en gestion de patrimoine pour le GIE ACTIFS

Parcours d’un chef d’entreprise

Chaque jour professionnels comme particuliers se posent des questions concernant les meilleurs options à prendre en matière de stratégie  patrimoniale.

Le  groupement d’intérêt économique ACTIFS à pu voir le jour grâce à un désir commun d’étudiants de L’AUREP (Association de recherche et d’enseignement sur le patrimoine) soucieux de proposer une offre nouvelle, simple, compréhensible et accessible à tous

Dans cet article, Olivier Ezquerra, ancien chef d’entreprises, vous décrit les raisons qui l’ont amenées à  s’orienter vers le conseil en gestion de patrimoine.

Parole à Olivier Ezquerra

J’ai consacré une bonne partie de ma carrière professionnelle (20 ans) à être chef d’entreprises dans divers secteurs d’activités liées au BTP : activités de construction, de prestations de services (B to B).

Comme tout chef d’entreprise, j’avais la tête dans le guidon, accaparé par des sujets de gestion du personnel, de gestion de trésorerie et de développement commercial. Et comme tout chef d’entreprise, je ne parvenais pas à prendre suffisamment de hauteur (hormis pendant les congés) pour mener les analyses indispensables d’une part à la mise en place des bons réglages des postes moteurs de l’entreprise et d’autre part à ma stratégie personnelle sur le long terme. 

J’étais pourtant bien entouré avec un service administratif, l’un des meilleurs avocats de la place, un cabinet d’experts-comptables reconnu et un pôle bancaire.

Ce n’est que deux ans après avoir cédé mes activités (le temps de prendre suffisamment de hauteur) que je me suis rendu compte que finalement, bien que bien entouré, je n’avais pas su exploiter à plein les ressources qui étaient à ma portée et que j’aurais pu bien mieux faire et aussi économiser du temps, de l’énergie et beaucoup d’argent.

J’ai souvent repensé à cette maxime : « les conseilleurs ne sont pas les payeurs » c’est vrai…. 

Combien de fois ai-je consulté mes conseils sur des sujets touchant à des actes de gestion importants (investissements immobiliers, augmentations de capital, cession de filiales, financements, cautions, retraite-prévoyance….) sans parvenir par manque de temps ou d’attention à faire la synthèse précise des interactions et des conséquences à long terme sur mon patrimoine, ma famille et ma retraite. Chacun me délivrant un conseil touchant sa spécialité sans ouvrir la focale plus large pour analyser les effets induits de leur préconisations. 

Celui qui décide d’entreprendre est mu par un besoin d’action et de surpassement et la volonté de réussir son projet coûte que coûte. Il est souvent celui qui se forme le moins alors qu’il est celui qui en aurait le plus besoin eu égard à la multiplicité de ses besoins de compétences.

C’est pourquoi, je suis aujourd’hui convaincu que tout chef d’entreprise devrait s’adjoindre les compétences d’un Conseil en Stratégie Patrimoniale.

Ce, pour une raison fondamentale : c’est que personne ne s’engage dans un tel challenge pour ne pas réussir donc gagner de l’argent et donc se constituer un patrimoine. 

Et c’est la raison pour laquelle tout chef d’entreprise devrait avoir recours à une personne de confiance, déconnectée du terrain mais possédant des connaissances transverses (droit civil, droit fiscal, gestion d’entreprise, social).

Il est de l’intérêt du chef d’entreprise de définir avec son CGP, en partant d’un bilan patrimonial initial, les trajectoires à emprunter pour atteindre un objectif final lui aussi clairement établi. En effet, l’imbrication des effets de décisions clés est telle que par effet domino, une décision mal anticipée peut entraîner des conséquences majeures sur le patrimoine final du décideur.

Prenons quelques exemples : 

Le choix du régime matrimonial : c’est le premier sujet à explorer car il déterminera le degré de risques supporté par votre famille eu égard à vos risques professionnels. Il est important de séparer la sphère privée de la sphère professionnelle en rédigeant un contrat de mariage adapté. Contrairement aux idées reçues, le contrat de mariage peut être un costume sur mesures.

L’achat de l’immobilier professionnel : définir le mode de détention (au sein même de l’entreprise, en SCI soumise à l’IR ou à l’IS) est une étape importante qui se traduira par de la création de richesse qui fait partie intégrante de la stratégie patrimoniale de l’entrepreneur. La stratégie patrimoniale intégrant elle-même la transmission du capital.

Le mode de rémunération du dirigeant, la prévoyance santé-retraite, l’assurance homme clé : trois points fondamentaux qui ont à la fois une incidence fiscale sur l’entreprise, sur le chef d’entreprise et plus tard lors de sa retraite. Optimiser ne consiste pas à s’affranchir mais à se doter des bons moyens pour obtenir le meilleur rendement et c’est en intégrant ces paramètres dans une stratégie globale que l’on réalise les meilleures optimisations.

Les placements financiers de la trésorerie de l’entreprise (placements liquides) comme celle du dirigeant (placements longs termes) s’inscrivent eux aussi dans la même stratégie d’optimisation.

La cession ou la transmission d’une entreprise impliquent une anticipation sur plusieurs mois afin de réfléchir à la stratégie la plus adaptée pour amortir les effets de la plus-value et les droits de mutation (à titre gratuit ou onéreux) et organiser l’après…

Il en va de même pour la succession, domaine réservé aux Notaires, qui peut et doit être analysée avant d’être déclarée officiellement à l’administration fiscale par un CGP. En effet, certaines options patrimoniales peuvent impacter favorablement ou défavorablement les Droits : donations, donations graduelles ou résiduelles, démembrement, quasi-usufruit…autant de termes qui doivent sonner comme un signal d’alerte dans la gestion de votre stratégie patrimoniale.

Notons que la signature d’une Déclaration de Succession n’engage, pour l’administration fiscale,  que ses signataires et non le notaire qui l’a établie (comme la déclaration de revenus annuelle).

Ainsi au fil de notre vie, nos aspirations évoluent en même temps que nos besoins mais cette évolution se fait parallèlement à celle de nos réglementations civiles, sociales et fiscales selon un cycle organisé d’accumulation, de consommation et de transmission.

De fait, je ne connais pas un notaire ou un avocat ou un expert-comptable qui soit en mesure, de nos jours,  de consacrer suffisamment de temps à un audit aussi poussé et étendu, à son suivi et aux ajustements nécessaires dans le temps pour son client (sauf à ce qu’il ait un département Gestion de Patrimoine au sein de son cabinet).

La valeur ajouté du Conseil en Gestion de Patrimoine est donc sans conteste d’intervenir en tant que Maître d’œuvre dans l’édification d’une stratégie qui touche l’ensemble de ces domaines et mettre les besoins du client AU CENTRE du processus.

La méthodologie d’intervention, basée sur le devoir de conseil et l’obligation de loyauté, s’établit selon un bilan patrimonial suivi d’audits économique, civil, social et fiscal qui conduiront à des prescriptions.

Bilan patrimonial : identifier les contenants (régimes matrimoniaux, contrats…) des contenus (actifs)

Quel patrimoine est possédé par le client, de quelle manière, dans quel contexte, pour quel résultat ?

Il s’agit de l’analyse de son cadre de vie, de son niveau de vie et de ses pouvoirs.

Audit économique : analyser la composition du patrimoine de son client au regard de ses aspirations et de sa sensibilité aux critères de sécurité, liquidité, rentabilité. Juger de la pertinence de certains actifs et accompagner le client dans le choix d’une allocation d’actifs en phase avec son projet de vie.

Audit civil : mettre à jour les pouvoirs du client sur son patrimoine en vérifiant quels sont les droits de propriété, leur étendue et les conséquences.

Audit social : accompagner le client dans la détermination de son projet de vie et de celle de ses proches en vérifiant et en adaptant les couvertures de risques sur 3 aspects : la famille, le couple, le survivant donc sur 3 risques : maladie/incapacité, retraite/veuvage, handicap/dépendance

Audit fiscal : superposer le régime fiscal du client au régime fiscal propre à chacun des actifs détenus dans le but d’optimiser la pression fiscale donc le meilleur rendement des actifs détenus. Modifier et adapter au fil du temps certaines allocations d’actifs. 

Préconisations : appelées aussi arbitrages sur les modes d’acquisition (personnelles/communautaires) sur les modes de détention (directe/société) sur les modes de transmission (donation/testament, indivision, démembrement…)

 

Voilà décrite succinctement la mission du Conseil en Gestion de Patrimoine véritable chef d’orchestre, qui, s’appuyant sur des connaissances transverses, harmonise autour des besoins de son client, l’ensemble des paramètres et partie prenantes qui constituent le paysage du droit français.

 

« Dans un monde  de plus en plus VUCA (Volatility, Uncertainly, Complexity, Ambiguity) les projets, les priorités et les stratégies évoluent rapidement….la visibilité se réduit et au-delàs du court terme règnent l’incertitude et l’inconnu » (Christian Hohmann). Ce type d’accompagnement n’est pas suffisamment conseillé par les chambres consulaires ou les syndicats professionnels. 

Si l’on m’avait parlé de cela avant, j’aurais certainement été meilleur. 

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